Agnieszka Podgórska : Corps-et-graphie de soi et des autres / Dr. Jeanette Zwingenberger

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Agnieszka Podgórska  :  Corps-et-graphie de soi et des autres

L’artiste s’expose nue devant son appareil photographique. Face à ce miroir, elle se plie et se contorsionne dans un jeu de métamorphoses. Loin de tomber dans le narcissisme ou dans le registre de la séduction, sa silhouette se transforme en un enchevêtrement de corps formant un organisme hybride et surprenant. 

Le médium d’Agnieszka Podgórska est la photographie numérique. Sans intervention artificielle, uniquement par l’angle de vue d’en haut et par le raccourci de la perspective, elle obtient une distorsion du et des corps, matière malléable, s’apparentant à un mélange de chair insaisissable. La main ou le pied semblent plus dominants que le reste de ce « corps acéphale » livré grandeur nature.

Est-ce que c’est son expérience de vivre entre les cultures qui a généré cette vision d’un corps libre de tout code social et qui semble échapper aux références symboliques ou est-ce une réminiscence de son enfance, qu’elle a passée en partie dans un cirque en Pologne ? 

L’œuvre sensibilise au rapport au corps comme premier langage d’abord entre soi et soi-même avec les autres. L’image qu’elle produit d’un corps indéfinissable, nous fait comprendre que la représentation de chacun de nous est de l’ordre d’une construction imaginaire : un lieu de projection.

 Les derniers autoportraits exposés à la Galerie Frédéric Lacroix au printemps 2009 s’intitulent Déformation personnelle. « Ce corps à deux » photographié lorsqu’elle était enceinte, s’apparente à un gant retourné, chair informe comme si l’intérieur s’était retourné vers l’extérieur. Au sens de la phusis de cette enfant qui pousse en elle, le corps évoque un fœtus, ce que l’artiste d’ailleurs a voulu exprimer : ce premier lien primordial entre l’enfant et la mère.

 Dr.  Jeanette Zwingenberger


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